【Tokyo Pops編】

<原文>Bains publics

 

Ce soir, j'entraîne Aymeric, un de mes voisins d'étage, jusqu'à un sentô de Shimokitazawa.  Pour les Japonais, la baignade du soir est un vrai rituel qui ne supporte aucune entrave1.  Même s'ils rentrent tard, les hommes nippons2 ne se coucheront jamais sans s'être littéralement « lavés » des tensions de la journée dans le bain bouillant qui les attend3. L'eau bien chaude du o-furô est censée faire disparaître spontanément la fatigue et détendre avant la nuit.

 

Le sentô où nous allons se situe dans une banlieue familiale4 à deux stations de notre résidence, loin des touristes et des lieux à la mode.  Au bout de la rue, la haute cheminée du vieux bâtiment en bois fume.  Bientôt, nous apercevons nos deux amis, Pénélope et Hideyuki postés5 à l'entrée, devant le rideau de coton.

 

Pénélope et moi entrons par le côté réservé aux femmes, signalé par un idéogramme6 rouge.  L'endroit date d'avant la guerre et7 sent le propre.  A l'accueil, nous achetons un bout de savon et du shampooing au distributeur automatique.

 

C'est un employé, le bandai,  perché sur une chaise haute à la manière d'un arbitre de tennis, qui gère simultanément l'entrée vers le bain des hommes et vers celui des femmes.  Le bâtiment est en effet séparé en deux, la mixité étant interdite depuis la fin du XIXe siècle.  ( Le commodore Perry débarquant au Japon en 1853 avait été outré de la promiscuité dans les bains et le shôgun8 qui ne voulait sans doute pas passer pour9 un dépravé décida d'y remédier avec une nouvelle loi. )

 

J'ai toujours rêvé d'être une souris et de passer par le petit trou de la paroi séparant le bain des hommes de celui des femmes, qui servait jadis à faire passer le savon entre les familles.

 

Le surveillant de notre sentô10 évite de croiser le regard des baigneuses11 et se contente de tendre la main pour recueillir leur obole.  Et c'est seulement en arrivant aux vestiaires que nous réalisons que nous n'avons pas payé le modeste droit d'entrée, absorbées par notre bavardage.12  L'employé n'a même pas remarqué que nous avons resquillé13.  De toute façon, au regard de notre tenue, il est maintenant trop tard pour aller réparer notre faute.

 

Nous pénétrons14 dans le kakeyû, la première salle où l'on se lave avant le bain. Nous essayons de repérer15 deux tabourets.  La clientèle est hétéroclite: une mère qui plaisante avec son garçonnet tout en le frictionnant de la tête jusqu'aux orteils (les petits garçons sont acceptés de ce côté jusqu'à l'âge de huit ans), une grand-mère qui se frotte la peau avec un sachet de son, une jeune fille qui astique le dos16 de sa voisine en riant joyeusement, une femme qui se brosse les dents.  On se croirait dans une école d'esthéticiennes tant chacune d'elles procède avec méthode et soin.

 

Je l'avoue, moi qui rêvais d'être une souris, je me sens plutôt comme un éléphant dans une boutique de porcelaine17 (devrais-je dire, comme un sumô – nu comme un ver! - dans un magasin de vases d'ikebana?).  Les Japonaises si prudes habituellement, sont incroyablement à leur aise quand elles sont nues au sentô.  Tout en bavardant, elles effectuent ce rituel purificateur avec naturel, leur corps bouge, se plisse, s'aplatit, rebondit pendant qu'elles se frottent18, se frictionnent, se gomment à l'aide des accessoires de grattage de base: serviettes en nylon, pierres ponce, éponges métalliques19 ou naturelles, en luffa.

 

En tant qu'adepte de la brève douche matinale que les Japonais appellent ironiquement « l'ablution du corbeau », ce long rituel m'intimide.

 

Les clientes du bain, aux corps graciles et généralement petits, sont assises sur des tabourets si minuscules qu'on croirait des meubles de chambres d'enfants.  Idem pour leur attirail: mini-savons, mini-serviettes, mini-bassines. J'ose à peine glisser un pied sur le carrelage humide de peur d'ébranler l'harmonie de cet univers de poupée.

 

Mon tabouret sous le bras, j'avance en tentant de cacher ma nudité avec un tenugui, serviette cache-sexe aussi grande qu'un confetti20.

 

Je m'accroupis devant une rangée de micro-robinets (installés à trente centimètres du carrelage!) et cale mes genoux sous mon menton.  Ainsi recroquevillée, j'observe discrètement ma voisine qui se lance avec énergie dans une friction intensive. Je me savonne avec un peu moins de conviction - après tout j'ai déjà pris ma douche de corbeau ce matin –  et, prenant modèle sur elle, je me rince en m'aspergeant généreusement à l'aide d'une bassine, le maru-ko-oke.  Mon exercice doit plus tenir de l'éléphant qui se douche avec sa trompe21, car la baigneuse à mes côtés prend discrètement ses distances avant de se rincer à l'eau fraîche et de s'essuyer vigoureusement le corps.

 

 

 

 

<試訳>銭湯(公衆浴場)

 

夕方、同じ階に住むエメリックを連れて下北沢の銭湯に行く。日本人にとって夜の入浴は、あらゆる束縛から解放される大切な生活習慣1だ。遅い時間に帰宅しても日本男児2は、お湯の中にその日の緊張を文字通り「洗い流して」から寝る。夜寝る前に、熱いお風呂3に入れば直ちに疲れがとれ、リラックスすると考えられている。

 

これから行く銭湯は、観光客からも流行からもはずれた場所4にあり、住んでいるところから電車で二つ目の駅。通りの奥にある古い木造の建物、背の高い煙突からは煙が出ている。しばらくすると、友人のペネロプとヒデユキが、木綿のカーテン(暖簾)の前の入り口にいる5のに気がついた。

 

ペネロプとわたしは、赤い標識6で記された女性専用口から入る。この銭湯は戦前から建っているが7、清潔感がある。受付にある自動販売機で少量の石鹸とシャンプーを購入する。

 

まるでテニスの審判席のように、高い椅子にいる使用人の「番台」は、男湯側と女湯側の入り口を同時に管理している。19世紀末から混浴は禁止されているので、風呂場は、実際2つに分かれている。(1853年日本に上陸したペリー提督は、おそらく、混浴の入り乱れている様子に憤慨し、堕落の方向に向かうことを望まず9、新たな法律を定め8、改善することを決めた。)

 

わたしは、ねずみになって男湯と女湯を分けている壁の小さな穴をすり抜けたいといつも思っていた。昔その小さな穴は、家族の石鹸をやり取りに使われていたのだ。

 

銭湯の監視人10は、お客11と視線を合わせないように、お風呂代をもらうために手を差し出す。それも、わたしたちがおしゃべりしながら、わずかな入場料を払ったか払わなかったかをロッカーにたどり着く時だけ見ている12。その使用人は、わたしたちが、盗み見をしたかどうかさえ気にしない13。いずれにしても、わたしたちの様子を見て、その間違いを直そうとするにはすでに時遅しである。

 

まず風呂桶に入る前にからだを洗う「掛湯」に浸かる14。あわたしたち二人は、まず、小さな腰掛2個をとる15。お客さんはさまざま。小さな男の子のお母さんは、こどもの頭から足の親指まで冗談を言いながらごしごしと洗っている。(男の子が女湯に入ってもいいのは8歳まで)小さな糠袋で肌を擦っているおばあちゃん。楽しそうに笑いながらお隣の背中を磨いている16女の子や、歯磨きするひと。まるで各自の美容法に従うエステ教室さながらだ。

 

白状すると、わたしはねずみでいたいか、むしろ、陶器で作られた象のような17気分だった。(何と言ったらいいだろう、生け花の花瓶のお店の中にいる真っ裸の相撲取りみたいだ。)普段はとてもすましている日本女性が、ひとたび銭湯で裸になると信じられないくらいくつろいでいる。お喋りしながら、自然にこのお清めの習慣を行っている。お湯の中に浸かっている18ときは、手足を伸ばしたり縮めたり、寝そべったり、動かしっぱなしだ。ナイロン製タオル、軽石、金属製スポンジ19や自然素材のヘチマなどの道具で洗っている。

 

日本では、皮肉として「カラスの行水」といわれるが、朝の短時間シャワー愛好家として、この長風呂習慣には恐れ入ってしまう。

 

華奢で小柄な銭湯の女たちは、子供部屋用ではないかと思われるような小さな腰掛に坐り、道具も同様に、石鹸、タオル、桶も小ぶりなものだ。この人形の世界の調和を壊さぬようわたしは、濡れたタイルに足を滑らせないようにしなければならない。

 

桶を抱えて、「手ぬぐい」という花吹雪と同じような大きさのタオル20で、裸の自分の前を隠しながら前進する。

 

(タイル張りの床から30センチのところに設置された)小さな蛇口の前にしゃがみ、あごの下に膝を置く。こんな風に縮こまって、わたしは、お隣さんが体をしっかりと擦り、勢いよく体に湯を掛けているところを控えめに観察する。わたしは自信なく自分の体を石鹸で洗い(今朝、カラスの行水をしてきたばかりだったので)お隣の真似をして、「丸桶」と呼ばれる桶にたっぷりお湯を入れて洗い流す。まるで自分の鼻で水浴びをする象のようなやり方だったに違いない21。なぜならお隣さんは、(最後に)自分を冷たい水で洗い流し、しっかりとからだを拭く前に、控えめにわたしとの距離をとったのだから。

 

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